Sergio MENDES

Cette émission n’est pas celle prévue initialement, mais l’actualité en a décidé autrement.

Le 5 septembre dernier nous quittait à 83 ans, des suites d’un très long Covid, l’un des musiciens brésiliens les plus connus, Sergio Mendes. Impossible de ne pas évoquer la mémoire de celui qui a participé à l’essor de la musique brésilienne, dans tout ce qu’elle a d’originale, principalement avec la Samba et la Bossa Nova.

Pour entrer dans le vif du sujet, on va écouter en introduction le très fameux « Mas Que Nada » par Sergio Mendes & Brazil ’66. Nous aurons d’ailleurs l’occasion d’en écouter une autre version en fin d’émission.

Quelques mots sur Sergio Mendes :

Il est né en 1941 au Brésil à Niterói, ville située de l’autre côté de la baie de Rio de Janeiro.

Jeune, il fréquente le conservatoire de sa ville pour devenir pianiste classique, mais rapidement il découvre le jazz et c’est ainsi qu’il commence, fin des années 50, à se produire dans les boîtes de nuit de Rio, au moment où émerge la Bossa Nova.

Il rencontre et joue avec Antonio Carlos Jobim qu’il considère comme son mentor. Il joue également avec de nombreux musiciens de jazz américains en tournée au Brésil.

C’est en 1961 qu’il enregistre son premier album, « Dance Moderno », dont on va écouter deux extraits. C’est sur cet album que l’on peut entendre Sergio Mendes jouer en piano solo, ce qui est assez rare, accompagné uniquement de percussions. Après, il va se consacrer presque exclusivement à son orchestre pour lequel il compose, mais dont il devient surtout l’arrangeur que l’on connaît.

On écoute d’abord « Satin Doll », la célèbre composition de Duke Ellington et Billy Strayhorn, puis le fameux Nica’s Dream, composé par Horace Silver en hommage à la baronne Pannonica de Koenigswarter, très grande mécène du jazz, très souvent surnommée  Nica.

En 1965, Sergio Mendes enregistre un album, « Bossa Nova York », avec Antonio Carlos Jobim. Cet album est sorti aux Etats Unis sous le nom « The Swinger From Rio ». On écoute le très célèbre « So Danço Samba ».

Retour ensuite vers l’album qui a contribué fortement à la célébrité de Sergio Mendes avec son Brazil ’66. Cet album est produit par Herb Alpert, trompettiste et producteur, qui a consacré sa vie à soutenir de nombreux artistes, notamment à travers le label A&M Records dont il était le co-fondateur.

On va donc écouter, toujours issu de cet album, « Tim Dom Dom ».

Autre enregistrement issu de cet album Sergio Mendes & Brazil ’66, une reprise, exercice favori de Sergio Mendes, d’un grand succès des Beatles, « Day Tripper », auquel il a su donner cette couleur très brésilienne, ce qu’il affectionnait tout particulièrement.

En 1989, enregistrement d’un autre album, « Arara » aux sonorités très nettement différentes. Le titre que l’on va écouter : « Toukan’s Dance ».

Autre album, cette fois-ci enregistré en 1992, « Brasileiro », duquel est extrait cette composition de Sergio Mendes, « Magalenha », qui   intègre des éléments de samba et de percussions afro-brésiliennes, ce qui en fait un morceau énergique et particulièrement festif.

« Timeless » est un album légendaire de Sergio Mendes, sorti en 2006, qui montre combien ce musicien aimait mélanger tous les genres musicaux.

Produit par et avec Will.I.Am des « Black Eyed Peas », cet album est une synthèse originale de la musique de celui qui, il y a 40 ans, a apporté son Brazil ’66 et « Mas Que Nada » au monde entier.

« Timeless » mélange magnifiquement la culture urbaine du Brésil, la samba et la bossa nova avec la culture urbaine de l’Amérique, le hip-hop et le rap. Le résultat est vraiment spectaculaire. Pour mettre sur pied ce projet, Will et Sergio ont bien sûr fait appel aux Black Eyed Peas. Ils ont également recruté certains des plus grands artistes de pop urbaine des dernières décennies, tous fans de Sergio Mendes, pour contribuer à divers morceaux. Parmi les artistes présents, on trouve notamment Stevie Wonder dont on va entendre l’harmonica dont il joue si bien. Cet enregistrement mélange deux titres : « Berimbau » et « Consolaçao ».

C’est en 2020 que sort un nouvel album de Sergio Mendes en compagnie cette fois de Joao Gilberto. On y retrouve la très célèbre « Samba de Uma Nota So » composée par Antonio Carlos Jobim sur des paroles de Newton Mendonça. Ce titre est devenu réellement emblématique de la Bossa Nova.

On revient une fois de plus sur les goûts musicaux très éclectiques de Sergio Mendes qui enregistre avec deux jeunes frères colombiens, Cali et El Dandee. On écoute « La Noche Entera » issu de l’album « In The Key Of Joy » enregistré en 2020.

Pour finir, retour sur cet album, « Timeless », qui comprend ce titre emblématique déjà entendu en début d’émission, de Sergio Mendes, « Mas Que Nada », mais cette fois-ci avec le Black Eyed Peas.

Patrick LE BOUCHER – 24 septembre 2024