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Les déserts ! Si vastes, si mystérieux. Ils recouvrent environ un tiers de la surface terrestre. Qu’ils soient de sable brûlant ou de glace éternelle, ils recèlent des secrets uniques de survie et d’adaptation. Chaque région désertique nous montre comment la vie a su s’adapter malgré des conditions climatiques extrêmes.
Le Sahara ! Imaginez, 9 millions de kilomètres carrés qui recouvrent une grande partie de l’Afrique du Nord. C’est le plus grand désert chaud du monde. Il s’étend sur 11 pays. La distance entre les extrémités du Sahara occidental à l’ouest, qui est au bord de l’Atlantique, et de l’Égypte à l’est, est d’environ 5 000 kilomètres.
L’Algérie, le pays le plus touché, voit environ 80 % de son territoire recouvert par ce désert. Pendant la journée, les températures peuvent atteindre 45 à 50 °C, parfois même plus dans les zones particulièrement exposées en été. Une fois le soleil couché, la température chute brutalement. En raison de l’absence d’humidité et de la faible capacité des sols désertiques à retenir la chaleur, elle peut descendre jusqu’à zéro, et parfois même au-dessous.
Quand on demande à un guide local, s’il existe des moyens de transport pour traverser le désert, il explique :
« Les transports en commun ? Tu ne vas pas en trouver partout dans le désert, mon ami ! Mais il y a toujours moyen de monter à bord d’un camion, ou de trouver des Touaregs qui vont dans ces directions. Ce sont eux qui connaissent les secrets du désert, et ses dangers. Si tu veux voyager en toute sécurité, il y a des routes sûres. Ce sont celles que les caravanes empruntaient autrefois. Les habitants les connaissent bien. Tu éviteras ainsi les régions dangereuses. »
Le message est clair, sans préparation ni guide expérimenté, on ne donne pas cher de votre peau.
Aujourd’hui, parsemé de dunes mouvantes, de plaines caillouteuses et de montagnes arides, il fut jadis vert et fertile.
Les origines de l’aridité actuelle du Sahara remontent à environ 7 millions d’années, lorsque les cycles de refroidissement et de réchauffement ont progressivement conduit à sa désertification. Au fil des millénaires, le Sahara a alterné entre des périodes humides et désertiques. La dernière grande période humide africaine, il y a environ 10 000 ans, transforma la région en un vaste paysage de savanes et de lacs. Des animaux comme les girafes, les éléphants et les hippopotames peuplaient ce paysage. Des civilisations humaines prospéraient également à cette époque.
Puis, il y a environ 5 000 ans, le Sahara redevint aride. L’affaiblissement de la mousson africaine amorça la formation du désert que nous connaissons aujourd’hui. Les peintures rupestres du Tassili n’Ajjer, en Algérie, témoignent de cette période où la biodiversité saharienne était bien plus riche.
À une époque, les déplacements y étaient limités, car les animaux utilisés n’étaient pas adaptés aux conditions désertiques. Mais tout changea vers le début de l’ère chrétienne, quand le dromadaire, venu de la péninsule arabique, fit son apparition dans la région. Cet animal, introduit par les routes caravanières, révolutionna le Sahara, en facilitant le commerce transsaharien. Capable de supporter la chaleur et les longues périodes sans eau, le dromadaire permit de parcourir de grandes distances, ouvrant ainsi la voie aux échanges de biens précieux comme l’or, le sel et les épices, entre l’Afrique subsaharienne, le Maghreb et le Moyen-Orient.
Les caravanes de dromadaires, reliant l’Afrique du Nord au sud du Sahara, jouèrent un rôle crucial dans la prospérité d’empires comme le Mali et le Ghana. Parfois, les caravaniers découvraient des fossiles marins, nous rappelant qu’il y a des millions d’années, cette mer de sable était un océan.
Des squelettes de Spinosaurus, « un dinosaure semi-aquatique », ont également été trouvés. Ce Sahara était autrefois parcouru par de grandes rivières, des marécages, et une faune variée dans un milieu verdoyant totalement différent.
Aujourd’hui, des tribus nomades comme les Touaregs, continuent de traverser ces étendues, en quête d’eau et de pâturage. Ces hommes bleus du désert, s’orientent grâce aux étoiles et connaissent chaque puits comme la paume de leurs mains.
Le soir, au bivouac, un Touareg nous raconte :
« Nous, les Touaregs, nous connaissons chaque puits, chaque passage sûr. Écoute toujours les gens du désert, car les conditions changent vite. Il y a des régions où les déplacements sont risqués, surtout aux frontières où les tensions existent. Garde cela en tête, car traverser le Sahara, ce n’est pas comme traverser une simple route. »
Le Sahara n’est pas aussi vide qu’on pourrait le croire !
Bien qu’il s’agisse de l’un des environnements les plus hostiles de la planète, une multitude de formes de vie se trouvent aussi dans le désert. Des animaux ont réussi à s’adapter à ce climat difficile, comme les fennecs, ces petits renards des sables aux grandes oreilles, les scarabées, les scorpions, les serpents, certains reptiles rares, et des oiseaux migrateurs comme les faucons, qui passent par le Sahara. Toutes ces espèces créent une biodiversité unique. La flore, bien que rare, est également présente avec des espèces comme les acacias, les tamaris et les herbes qui surgissent après de rares averses.
En plus des communautés locales, le Sahara est parsemé de villes et d’oasis. Ces îlots de verdure, par exemple, permettent l’agriculture grâce aux nappes phréatiques souterraines, et fournissent des ressources précieuses comme les dattes, cultivées depuis des millénaires. Ces cités sahariennes jouent un rôle vital pour les populations locales, souvent semi-nomades, et pour les voyageurs. Chacune possède une culture et une histoire uniques, liées aux échanges commerciaux, à l’islam et aux traditions sahariennes.
Le Sahara a été le lieu de pratiques religieuses et spirituelles uniques. Par exemple, des confréries soufies y sont très actives et jouent un rôle social dans certaines régions. Les chants, les vêtements et les traditions des nomades sahariens comme les Touaregs ont aussi des significations profondes liées au désert.
Mais ce qui est surprenant, c’est la quantité d’eau qui se trouve sous le Sahara. Bien qu’à sa surface tout soit en grande partie aride, des études ont montré que plusieurs vastes réservoirs d’eau souterrains se sont accumulés au fil des millénaires, lorsque le climat était beaucoup plus humide. Au total, les estimations de la quantité d’eau sous le Sahara varient entre 500 000 et 1 million de kilomètres cubes. Mais ces ressources sont souvent inaccessibles, profondes, et leur exploitation pourrait s’avérer coûteuse et non écologique, si elles ne sont pas gérées prudemment.
Dans certaines oasis comme celles de Ghadamès, en Libye, ou Siwa, en Égypte, on trouve des systèmes anciens d’irrigation ou de gestion de l’eau. Les foggaras, qui sont des réseaux de canaux souterrains, ont permis l’agriculture en plein désert pendant des siècles. Ce désert nord-africain regorge de ressources naturelles précieuses, dont le pétrole, le gaz, l’uranium, l’or, les phosphates, le fer et le manganèse.
Ces richesses, principalement concentrées en Algérie et en Libye, font de ces pays des producteurs majeurs d’hydrocarbures en Afrique, malgré des conditions d’exploitation souvent difficiles, liées à l’isolement et aux contraintes environnementales.
Le Sahara évolue à une vitesse d’environ 6 à 10 kilomètres par an en direction du sud, et gagne progressivement du terrain. Ce phénomène est amplifié par le réchauffement climatique, la déforestation, et des pratiques agricoles intensives mal adaptées, ce qui, malheureusement, accélère la désertification.
Si cette progression se poursuit au même rythme, le Sahara pourrait s’étendre de pratiquement 1 000 kilomètres vers le sud d’ici un siècle. Des programmes de reforestation, comme la Grande Muraille Verte, visent justement à freiner cette progression.
En tant que pilote de l’Aéropostale dans les années 1920, Antoine de Saint-Exupéry a vécu des moments marquants au Sahara, où il assurait des vols de courrier entre Toulouse et Dakar. Il survolait et atterrissait souvent dans le désert.
Le 30 décembre 1935, Saint-Exupéry et son mécanicien Prévot s’écrasent dans le désert libyen. Isolés, sans eau ni nourriture suffisante, ils luttent contre la soif et les mirages pendant plusieurs jours… Cette expérience éprouvante, qu’il a décrite comme une épreuve quasi mystique, le confronte à l’immensité et à la solitude.
Des récits comme *Terre des hommes* et *Le Petit Prince* s’en ressentent, imprégnés de l’austérité et de la beauté du désert, qui devient dans son œuvre un espace à la fois hostile et poétique, propice à l’introspection.
Le Sahara a été traversé par des frontières coloniales, tracées par les puissances européennes. Ces lignes artificielles ont souvent fragmenté des territoires peuplés de tribus nomades et ont eu, bien évidemment, un impact sur les relations entre les pays sahariens.
En somme, cette étendue aride est bien plus qu’un simple paysage de dunes et de rochers. Ici, chaque pas exige respect, prudence et humilité.
Comme dit le proverbe arabe : « La hâte vient du diable, la patience d’Allah. »
Et je ne pouvais pas terminer sans parler de ce phénomène que l’on appelle le « chant du sable ». Celui-ci fascine scientifiques et voyageurs depuis des siècles. Ce son mystérieux, aussi appelé « dunes chantantes », se manifeste par un grondement grave lorsque le sable glisse sur ses pentes. Les chercheurs étudient ce phénomène acoustique unique pour comprendre pourquoi certaines dunes produisent ces sons. Variant entre 60 et 100 Hz, ils ressemblent au grondement d’un tambour, parfois ponctué de notes plus aiguës. Dans certaines cultures sahariennes, ce chant est perçu comme mystique, lié aux esprits du désert.
C’est un monde vivant, évoluant, fascinant, riche en histoire et en culture, qui n’a pas fini de nous surprendre.
Écrit par: A VLB
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