Dancing Queen : Jean-Philippe RAMEAU meets ABBA

Aujourd’hui, je vous invite à un voyage à travers le temps, un véritable grand écart musical, entre deux univers que tout semble opposer : celui de Jean-Philippe Rameau, le grand compositeur baroque du XVIIIe siècle, et celui d’ABBA, icône incontestée de la pop des années 70.

Deux époques, deux styles, mais une même recherche : celle d’émouvoir, de faire vibrer, de faire danser. Et pour cela, nous allons nous plonger dans un disque emblématique : Dancing Queen. Alors, attachez vos ceintures, car ce soir, on passe du clavecin aux paillettes !

Jean-Philippe Rameau, l’architecte du baroque

Commençons par un petit retour en arrière, au XVIIIe siècle, avec Jean-Philippe Rameau. Né en 1683, Rameau est sans doute l’un des compositeurs les plus influents de la période baroque. Connu pour ses opéras et ses ballets, il a marqué l’histoire de la musique avec ses harmonies audacieuses et son sens du rythme.

Prenons par exemple Les Indes galantes, l’un de ses opéras-ballets les plus célèbres. Dans cette œuvre, Rameau explore des danses exotiques et des rythmes entraînants qui, pour l’époque, étaient presque révolutionnaires. Il voulait que la musique soit vivante, qu’elle parle au corps autant qu’à l’âme. Et c’est là qu’on trouve un premier lien avec ABBA : cette recherche d’une musique qui fait bouger, qui touche à la fois le cœur et les pieds.

Rameau était aussi un théoricien de la musique. Il a écrit des traités qui ont posé les bases de l’harmonie moderne. Alors, quelque part, sans lui, peut-être que les accords magiques de Dancing Queen n’auraient jamais vu le jour…

ABBA, la révolution pop

Et maintenant, faisons un bond de près de trois siècles pour atterrir en 1976, année de sortie du célèbre album Arrival d’ABBA, qui contient le tube planétaire Dancing Queen. Avec Benny Andersson et Björn Ulvaeus à la composition, Agnetha Fältskog et Anni-Frid Lyngstad à la voix, ABBA a créé une musique qui, comme celle de Rameau, transcende son époque.

Dancing Queen est un morceau qui semble simple, mais qui est en réalité une véritable prouesse musicale. Les harmonies vocales, les arrangements orchestraux, et surtout ce piano rythmique qui donne envie de danser dès les premières secondes… Tout est pensé pour captiver. Et là encore, on retrouve un parallèle avec Rameau : cette attention méticuleuse aux détails, cette volonté de créer une musique qui touche à l’universel.

Mais ce qui est fascinant avec ABBA, c’est leur capacité à mélanger les influences. Dans Dancing Queen, on entend des échos de musique classique, des harmonies presque chorales, mais aussi des rythmes disco qui étaient à la pointe de la modernité dans les années 70. C’est un peu comme si ABBA avait pris tout ce qui faisait vibrer les gens à travers les siècles pour en faire un cocktail irrésistible.

Le lien entre les deux mondes

Alors, quel est le lien entre Rameau et ABBA ? À première vue, tout les oppose. L’un compose pour des cours royales, l’autre pour les pistes de danse. Mais si on regarde de plus près, on voit qu’ils partagent une même philosophie : celle de faire vibrer les émotions humaines à travers la musique.

Rameau, avec ses opéras-ballets, voulait que le public ressente la musique dans tout son corps. ABBA, avec leurs tubes disco, cherchent la même chose : créer une expérience musicale totale. Les deux explorent aussi des harmonies riches et des mélodies mémorables, qui restent gravées dans nos têtes.

Et puis, il y a cette idée de la danse. Chez Rameau, la danse est omniprésente, que ce soit dans les menuets, les gavottes ou les sarabandes. Chez ABBA, la danse devient une célébration, une libération, comme dans Dancing Queen, où chaque note nous invite à nous lever et à bouger.

Une musique intemporelle

Alors, que nous soyons au XVIIIe siècle ou dans les années 70, que nous écoutions du clavecin ou du synthétiseur, la musique a ce pouvoir unique de nous rassembler, de nous faire rêver et de nous faire danser. Jean-Philippe Rameau et ABBA, malgré les siècles qui les séparent, nous rappellent que la musique est un langage universel, une célébration de la vie.

Armelle VAN LERBERGHE – 9 février 2025