Ella Fitzgerald

Aujourd’hui j’ai choisi de vous parler d’une très grande voix du jazz, Ella Fitzgerald. Née en 1917, elle nous a quittés en 1996. Elle est l’une des plus grandes chanteuses de jazz, surnommée à ce titre : The First Lady of Song. Après une enfance quelque peu difficile, elle a été découverte en 1934 lors d’un concours amateur à l’Apollo Theater de Harlem, et commence réellement sa carrière au sein du Chick Webb Orchestra où elle connaît son premier succès en 1938 avec la chanson : A-Tisket, A-Tasket. Sa carrière a été longue et récompensée entre autres par 13 Grammy Awards. Ella Fitzgerald a laissé un immense héritage musical, parfaite démonstration de son talent vocal, de son swing naturel et de sa maîtrise de l’improvisation et du scat. Elle a collaboré avec de très nombreux grands musiciens.

C’est avec l’un d’eux, et pas des moindres, puisqu’il s’agit de Duke Ellington, que j’ai décidé de consacrer l’émission d’aujourd’hui, et plus particulièrement dans cette série de 38 titres enregistrés en 1956, sortis l’année suivante chez Verve sous le nom de Ella Fitzgerald Sings The Duke Ellington Song Book, tout cela à l’initiative du fameux producteur Norman Grantz. J’ai choisi de vous faire écouter 12 titres parmi ces 38. Ella Fitzgerald y est accompagnée par le grand orchestre de Duke Ellington mais aussi pour certains morceaux par seulement quelques membres de cet orchestre en petite formation souvent dirigée par Billy Strayhorn, pianiste, compositeur et arrangeur, véritable bras droit du Duke. Quelques enregistrements ont également été réalisés avec d’autres musiciens que je ne manquerai pas de citer le moment venu.

Pour rentrer tout de suite dans le vif du sujet, je vous propose d’écouter Ella Fitzgerald et le grand orchestre de Duke Ellington dans une composition qui sert d’ailleurs de générique à Musiques en Liberté, tout comme elle servait d’introduction aux concerts de l’orchestre d’Ellington, je veux parler de Take the A train, célèbre composition de Billy Strayhorn… On va continuer maintenant par It Don’t Mean a Thing if it Ain’t got that swing, composé par Duke Ellington avec des paroles d’Irving Mills. C’est un hymne au swing et à l’essence même du jazz. Dans cette version, Ella Fitzgerald brille par son dynamisme et son incroyable maîtrise du scat. Elle est soutenue, bien-sûr, par l’orchestre d’Ellington. Avec son interprétation énergique et sa voix agile, elle prouve que, comme le dit le titre : Ça ne veut rien dire s’il n’y a pas ce swing !

Place maintenant au très fameux Caravan, composé par Juan Tizol et popularisé par Duke Ellington, toujours avec des paroles d’Irving Mills. C’est un voyage musical mêlant exotisme et swing. Dans cette version, Ella Fitzgerald apporte une touche vocale sensuelle et rythmée, sublimant l’atmosphère mystérieuse du morceau. Elle navigue avec aisance entre les nuances et les textures sonores, rendant hommage à ce classique du jazz… On va continuer avec Cotton Tail, composé par Duke Ellington en 1940. C’est un véritable standard de jazz au swing effréné, initialement rendu célèbre par un solo légendaire de Ben Webster, immense saxophoniste ténor. Dans cette version, Ella Fitzgerald transforme le morceau en une démonstration éclatante de son attrait pour le scat, rivalisant avec les meilleurs instrumentistes par son agilité vocale et son sens du rythme….

Après ce swing effréné, on entre maintenant dans la douceur avec Solitude, composé par Duke Ellington en 1934. C’est l’une de ses ballades les plus émouvantes, imprégnée de mélancolie. Dans cette version, Ella Fitzgerald livre une interprétation d’une grande finesse, où chaque note semble flotter avec une grâce infinie. Sa voix, à la fois délicate et expressive, est mise en valeur par l’accompagnement subtil du merveilleux guitariste Barney Kessel, sublimant la nostalgie poignante de ce classique du jazz… Toujours dans la douceur avec Satin Doll, composé par Duke Ellington et Billy Strayhorn, avec des paroles de Johnny Mercer. C’est l’un des morceaux très emblématiques du répertoire d’Ellington. Dans cette version, Ella Fitzgerald apporte une élégance vocale irrésistible, sublimant la mélodie raffinée avec un swing très subtil. On y retrouve, sous la direction de Billy Strayhorn, quelques musiciens de l’orchestre, en petite formation, toujours avec la guitare de Barney Kessel…

Sophisticated Lady, composée par Duke Ellington en 1932, est une ballade envoûtante, empreinte aussi de nostalgie et d’élégance. Dans cette version, Ella Fitzgerald offre une interprétation d’une rare délicatesse, sa voix chaude et expressive, portée par une partie de l’orchestre feutré d’Ellington, navigue entre douceur et intensité, chaque note semblant capturer l’essence même de la sophistication… In a Sentimental Mood, composé par Duke Ellington en 1935 avec Irving Mills et Manny Kurtz, est une ballade très douce et un peu nostalgique. Dans cette version, Ella Fitzgerald est accompagnée très sobrement par la guitare de Barney Kessel. Cela contribue à mettre en valeur Ella Fitzgerald qui enrobe chaque note de sa voix veloutée et expressive, capturant l’essence même de la tendresse et de la mélancolie…

Autre composition de Duke Ellington, Mood Indigo, à laquelle ont participé également Barney Bigard et Irving Mills, remonte à 1930. Dans cette version, il est à noter que ce sont d’autres musiciens qui accompagnent Ella Fitzgerald, et pas des moindres puisqu’il s’agit d’Oscar Peterson au piano, Herb Ellis à la guitare, Ray Brown à la basse et Alvin Stoller à la batterie… Une composition que j’affectionne particulièrement, Lush life, véritable chef-d’œuvre que l’on doit, comme beaucoup d’autres, à Billy Strayhorn. Pour cet enregistrement, Ella Fitzgerald est accompagnée simplement et sobrement au piano par Oscar Peterson. Cela fait ressortir avec beaucoup de délicatesse l’évocation de la solitude et la désillusion d’une vie mondaine luxuriante. C’est ainsi que l’on peut traduire ce titre, Lush Life, que l’on écoute maintenant…

Pour continuer, Squatty Roo, une composition de Johnny Hodges, légendaire saxophoniste de l’orchestre de Duke Ellington. Avec son tempo rapide et ses envolées vocales pleines de malice, Ella Fitzgerald transforme ce titre en une véritable démonstration de son talent et de sa joie contagieuse. Une performance au swing irrésistible… Malheureusement, on arrive maintenant à la fin de cette émission, non sans avoir écouté une dernière fois pour aujourd’hui The First Lady of Song puisque c’est le surnom qui avait été donné à Ella Fitzgerald.

Mais avant cela, un petit rappel : l’émission d’aujourd’hui sera disponible dès ce soir en podcast sur votre radio Arts & Go et sur les principales plateformes de diffusion. Quant au prochain Musiques en Liberté, ce sera, si tout va bien, à 13H00 le dimanche 30 mars prochain. On en vient donc à un dernier enregistrement issu de ce magnifique Ella Fitzgerald sings the Duke Ellington song book. Il s’agit là d’une composition très célèbre de Duke Ellington, mais ai-je besoin de le dire ? En fait, elles sont toutes plus célèbres les unes que les autres. Ce dernier titre que l’on va entendre aujourd’hui : I got it bad (and that ain’t good). Ella Fitzgerald y est accompagnée par le grand orchestre de Duke Ellington. Au revoir donc à toutes et tous ! Place encore une fois à la musique et à la voix sublime d’Ella Fitzgerald…

Patrick LE BOUCHER – 28 février 2025